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bons écus, cette affaire m’aura donné un mobilier neuf.

Charançois a promis de venir aider à notre installation ; il est aussi l’intime des Bidaut.

Juillet 1862. — Nous venons d’éprouver une affreuse peine de cœur. Charançois allait passer tous ses dimanches chez les Bidaut ; dimanche dernier, il dut se priver de ce plaisir pour nous aider dans notre emménagement. Tout était encore trop sens dessus dessous pour nous permettre de convier les Bidaut à un dîner improvisé sur un marbre de commode. Furieux, non seulement de n’être pas invités, mais encore d’apprendre que Charançois avait pris sa part de ce morceau mangé sur le pouce, les Bidaut (au dire de ma bonne, qui le tenait du jardinier) se seraient écriés : « Est-ce qu’ils vont déjà commencer à nous confisquer tous nos amis ? » Aussi, après huit jours écoulés, quand Charançois est venu frapper à la porte de leur salle à manger, madame Bidaut lui a dit de son ton le plus aigre : « Tiens, je croyais que vous aviez pris pension dans l’étable en face ! » — Charançois a eu le tort de venir répéter le propos à Sylvie, qui a répliqué :

— Notre étable ! Est-ce qu’elle me prend pour une vache, cette mauvaise drogue-là ?

La laitière qui nous apportait notre fameuse tasse de lait a entendu le propos, qu’elle a bien vite couru reporter à qui de droit.

Voilà donc nos dames à couteaux tirés.

Et dire que j’ai acheté Modeste asile pour vivre et mourir près des Bidaut !!