Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et puis, je connais mon Adolphe, c’est un garçon d’habitudes… Une fois le pli pris, la petite peut compter sur lui tous les ans, et le million sera si vite gagné qu’ils se diront : « Déjà ! »

Le vidame. — Permettez…

Michu. — Quoi ? Permettez quoi ? On a l’air de vous demander un sacrifice à vous, le petit vieux. Vous vous tortillez depuis une heure comme si je disais des choses extraordinaires.

Le vidame, impatienté. — Voulez-vous, enfin, me permettre de placer une observation ?

Michu. — Mais il me semble que je n’empêche personne de parler.

Le vidame. — Je crois que, tout en respectant votre légitime désir d’avoir des petits-enfants, si on restreignait à un chiffre plus raisonnable le nombre des…

Michu, interrompant. — Mais alors, à quoi ma bru s’occuperait-elle ? Ce n’est pas à boire du thé, je l’espère bien !

Le vidame. — Non ; mais à son âge, tout en se livrant aux joies de la maternité, on peut y mettre une modération qui permette de s’adonner aussi à tous les autres plaisirs qu’aime la jeunesse, tels que le bal, les voyages, les théâtres, les réceptions qui absorbent le temps… de sorte que… si vous réduisez le chiffre à…

La duchesse. — À deux, par exemple.

Michu, vivement. — Je ne signerai jamais ce papier-là !!! J’aurais pu demander dix-sept… comme ma mère, mais j’ai dit douze… tenons-nous-y… je n’ai qu’une parole… Et puis, comme on l’a dit, les enfants, c’est la fortune du pauvre.