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La duchesse. — Non, le vidame est…

Michu. — Un vidame ! Quel drôle de métier ! Est-ce permis ? (Réfléchissant.) Est-ce donc que vous faisiez allusion à ma défunte épouse, sacrebleu !

La duchesse. — Oh !

Michu, interrompant. — C’est que faudrait pas y toucher à celle-là ! Du côté de la vertu, on pouvait la manger, entendez-vous ?… Bonne et nerveuse (Adolphe tient d’elle), c’était une femme qui, en robe de soie, vous aurait posé trente sangsues à la contre-face d’un ouvrier malade ; mais s’il s’était permis de lui souffler un mot de travers, elle lui aurait fait avaler ses petites bêtes. Un vrai gendarme, quoi ! excepté pour son petit Trognon… et son petit Trognon, je vous prie de croire que c’était moi, bibi, votre serviteur… et pas un autre bonhomme !!! car je vous flanque mon billet qu’il n’y a pas au monde un seconde animal qui puisse se vanter que, même dans un moment de vin, elle lui ait dit : « T’es mon Trognon ». Oh ! oui, vertueuse… et en voilà une aussi qui voyait juste, la mâtine ! Ce n’est pas elle que vous auriez épatée, comme mon fils, avec votre fameux Tra-la-la, qui remonte aux croisades… Ah ! je les connais vos croisades ! Ce n’est pas aussi à moi qu’on monte le coup que c’étaient des combats contre les moricauds ! Allons donc ! c’étaient les Eaux de ce temps-là.

Le vidame, les bras au ciel. — Oh ! oh ! oh !!!

Michu, interrompant. — Faites donc pas votre discret ! Puisque je vous dis que je connais le truc. C’étaient des malins, tous ces vieux-là, malgré leurs paletots en fer. Pour s’en aller en garçons se goberger là-bas, ils contaient à leurs bourgeoises