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si elle ne fait pas la traînée avec d’autres, bien entendu.

La duchesse. — Oh !!!

Michu. — Non, non, ça irait mal ; j’aime mieux vous le mettre dans la main tout de suite. Que lui faut-il pour être heureuse ? Un mari prévenant ? Il l’est, je vous en réponds ; c’est une vraie chatte que mon petit… Allez, je connais Adolphe, moi… bon garçon, autant de jarret que de cœur (et ce n’est pas peu dire !) caressant au possible, mais rageur ; v’là mon Adolphe !… Qu’elle ne se mette pas à frétiller avec un voisin et elle sera heureuse, je vous en donne ma parole, ce n’est pas du vent.

Le vidame. — Mais, nous ne…

Michu, interrompant. — Oui, je suis un homme de parole ! Levez-vous (je paye la voiture, si vous voulez) et allez à la Villette demander à quiconque : « Michu, qu’est-ce que Michu ? » Tout le monde vous répondra : — « C’est un homme de parole !… » Je n’ai pas reçu un boisseau d’instruction, moi (ce que je sais, je l’ai appris seul), je n’ai pas d’esprit, mais j’ai du bon sens, ce qui vaut mieux ; aussi je vois juste.

Le vidame. — Nous…

Michu, interrompant. — Oui, je vois juste. Tenez, à votre Charles X, je lui ai dit le 2 juillet de l’an 30 : « Changez vos ficelles, ou on vous flanquera de la pelle au dos ». Avais-je vu juste ? hein ! Je donnerais mon œil que, sur la terre étrangère, il a dû se répéter : « Michu avait raison !!!… » C’est comme votre Louis-Philippe… Dans le commencement, c’était à qui lui donnerait des poignées de main ;