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— Tu sais ? c’est inutile de leur conter toutes tes affaires.

— Est-ce que j’ai l’habitude de gaspiller ma salive ?

— Non ; mais dans ce grand monde, moins on parle, plus c’est bon genre.

— Sois tranquille, je sais causer avec ces gens-là ; j’ai causé avec Charles X et Louis-Philippe, moi ! — Ainsi, ne crains rien.

Après avoir arraché à son père la promesse de ne répondre que par « oui » et par « non », le pauvre garçon le laisse partir seul, car il n’a pas le courage de l’accompagner.

À son arrivée dans le salon, où se trouvent déjà quelques personnes, M. Michu est allé s’asseoir dans un coin et n’a pas ouvert la bouche ; mais les étrangers s’étant peu à peu retirés, on reste en famille. Il est alors installé devant le feu, entre la duchesse mère et le vidame de Chartres, oncle de la demoiselle. Cette dernière brode à la lueur de la lampe placée sur l’angle de la cheminée.

La duchesse, gracieuse. — Monsieur Michu, aurai-je l’honneur de vous offrir encore une tasse de thé ?

Michu. — Non, merci ; déjà trois tasses, j’en ai assez de votre eau chaude, je suis amorcé comme une seringue. Parlons plutôt de nos enfants… Nous disons donc que la petite veut de mon gars ? Parbleu ! elle a le bec fin ? Elle sera heureuse avec lui…