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autre moyen pour lequel je viens vous demander aide.

— Je suis toute oreilles.

— Il faut, baron, que vous me trouviez un garçon solide du biceps, fort à l’escrime, joli boxeur, ne buvant que de l’eau et ne dormant que d’un œil. Je lui donnerai trois mille francs par mois, l’habillement, la table et le logement.

— Oui, c’est une place de chien du jardinier qui ne mange pas la pâtée et qui empêche les autres d’y toucher.

— Précisément.

— Me permettez-vous une toute petite objection ?

— Je la sollicite avec instance.

— Il est convenu que le chien du jardinier, qui écarte tous les autres de la pâtée, ne la mange pas lui-même. — Mais si, par hasard… il faut tout prévoir… un jour de faim canine, il lui prenait fantaisie de la manger, cette pâtée ?

— Attendez donc, je n’ai pas fini. En plus des avantages mensuels que je lui fais, je déposerai, en son nom, chez un notaire, une somme ronde de trois cent mille francs qui deviendra sa propriété à mon retour si je suis content de sa vigilance.

— Vous ne répondez pas à mon objection de tout à l’heure.

— Pardon. Vous comprenez bien que, pour cette prime de trois cent mille francs, je compte exiger qu’il me donne à son tour une garantie.

— Sa parole d’honneur, sans doute ?

— Mieux que ça. Je lui demanderai de déposer un cautionnement entre les mains d’un médecin turc que j’ai amené en France…