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— À quoi puis-je vous être utile ? demanda le baron.

— Que mille millions de tonnerres écrasent votre inepte civilisation qui défend de couper le nez à une femme !!! hurla d’abord le sauvage.

— Joli début ! fit mon parrain dans une petite moue.

— Voici la chose, mon cher. J’ai apporté huit millions en France, et j’en possède aux Indes plus du double représenté par des comptoirs. Savez-vous ce que vient de faire cette misérable canaille de Thompson, mon homme de confiance là-bas ?

— Naturellement il a levé le pied.

— Juste ! De sorte que, pour ne rien perdre, je suis forcé d’aller aux Indes remettre tout en ordre et établir un autre gérant à la place de ce sacripant voleur !!! Oh ! je mordrais dans du fer ! Le vol, le voyage, l’ennui des affaires, tout cela n’est rien pour moi… mais c’est ma femme ! malédiction !!!… c’est ma femme !!!

— Vous craignez le voyage pour elle ?

— Eh ! non… au contraire ! Et voilà où est ma stupidité, âne bâté que je suis ! En l’épousant, je me suis engagé à ne jamais la conduire aux Indes (je comptais alors n’y retourner de ma vie) ; la clause a été mise dans le contrat, et aujourd’hui elle se cramponne à son papier timbré en refusant de me suivre. On dirait qu’elle regarde mon absence comme autant de bon temps pour elle, la méprisable créature !!!

— Alors, sacrifiez vos comptoirs et ne partez pas.

— J’aurais pris ce parti, si je n’avais trouvé un