Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LE BIAIS DE MON PARRAIN
(LA RUSE)

Un fort singulier homme que mon parrain le baron !!!

Il se vantait bien haut de n’avoir jamais menti et de ne se connaître aucun ennemi. — Et quand je lui faisais remarquer combien peu la franchise contribue à nous conserver des amis, il souriait finement et, me pinçant le bout de l’oreille, il me répondait de sa petite voix aiguë qui effrayait le chat de la maison :

— Mon enfant, tout peut se dire ; il faut seulement trouver un biais.

— Mais, parrain, il est des vérités pour lesquelles tout biais est vraiment impossible à trouver. Comment iriez-vous reprocher au vicomte de T… d’avoir abandonné une femme charmante, après quinze jours de mariage, pour retourner à une ancienne liaison. C’est roide à dire, cela.