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Monsieur, perdant la tête. — Voyons, Sylvie, tu me rends fou ! Je t’en supplie, tais-toi !

Madame. — Il est blond !

Monsieur. — Une fois !… deux fois !

Madame. — Il est blond, blond, blond !

Monsieur. — Trois fois !

Madame. — Archi-blond !

Monsieur, exaspéré. — TIENS !!! (Il lui flanque un soufflet.)

(Moment de stupeur. Monsieur reste stupéfait de son acte de brutalité ; mais la commotion a amené une crise salutaire dans l’état nerveux de Madame, qui fond tout à coup en larmes.)

Monsieur, honteux. — Sylvie, je te demande deux cent mille fois humblement grâce de…

Madame, en sanglots. — Non, mon bon chat, c’est moi qui implore mon pardon de t’avoir agacé… J’avais tort… Maintenant, la mémoire me revient… Je confondais Paulin Ménier avec Mme Nilsson, la célèbre chanteuse de l’Opéra.

ÉPILOGUE

Le bruit de ce soufflet, retentissant dans le grenier, a réveillé tous les locataires de la maison qui ont cru que c’était la maîtresse poutre du toit qui craquait. Ils sont tous debout sur le seuil de leur porte au moment où les deux époux descendent tout heureux de la réconciliation. À leur passage, chacun les accueille par un sourire qui semble dire :

— Sont-ils enfants, et faut-il qu’ils s’aiment