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Madame. — C’est bien facile, quand on a tort, de se tirer d’affaire en disant qu’on est malade. Et moi, est-ce que je ne suis pas malade aussi, depuis une heure que vous me tournez le cœur en vous promenant ainsi dans la chambre autour des meubles ?

Monsieur, sentant la patience lui échapper. — Tiens, j’aime mieux te céder la place.

(Il va s’enfermer au salon. Madame, après l’avoir laissé un instant seul, ne tarde pas à le rejoindre).

Madame. — Quand aurez-vous fini votre comédie ? Vous savez que je n’aime pas les gens boudeurs et entêtés. Est-ce ma faute à moi si j’ai raison ? Croyez-vous donc que je tienne beaucoup à ce que votre Paulin Ménier soit brun ou blond ? Seulement, puisqu’il est blond, je cherche quel intérêt vous pouvez avoir à prétendre qu’il est brun.

Monsieur. — Mais puisque je confesse qu’il est blond, laisse-moi donc tranquille, mille tonnerres !

(Il se réfugie dans la salle à manger).

Madame, le poursuivant. — Vous pourriez au moins être poli et me répondre sans vos jurons de charretier. Parce que, monsieur — j’ignore pourquoi — feint d’avoir ses nerfs, il se croit dispensé d’être bien élevé.

(Monsieur se retire dans la cuisine).

Madame, le suivant. — Et puis, vous savez, je déteste les gens rancuniers qui ont toujours l’air de ronger leur frein. Je préfère les gens vifs, qui ne