Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riais tout à l’heure… en pensant à ce farceur de Bichard qui…

Madame. — Comment « farceur » ?… Tu appelles sa brutalité une farce, toi ? On voit bien que tous les hommes se soutiennent ! Au besoin, tu l’imiterais, n’est-ce pas ? Ah ! je suis sûre que ce n’est pas l’envie qui te manque.

Monsieur. — Que me manque-t-il donc ?

Madame. — Le courage !… Il est vrai de dire que je ne suis pas agaçante comme Aglaé.

Monsieur. — Oh ! non !

Madame. — Quoi ? « Oh ! non ! »… Tu as l’air de le dire par moquerie. C’est qu’avec moi il ne suffit pas d’accuser, il faut encore prouver. Ainsi, tu oses me soutenir en face que je suis agaçante comme Aglaé ?

Monsieur, patient. — Non, chère amie, je te répète que non… À la vérité, tu aimes bien un peu à taquiner…

Madame. — Moi !!!

Monsieur, se rétractant. — Mettons que je n’ai rien dit…

Madame, sèchement. — Pas du tout, parlez… Il est inutile de vous poser en victime silencieuse… Ah ! j’aime à taquiner ! Vous seriez fort embarrassé de citer une preuve à l’appui de votre dire.

Monsieur, avec douceur. — Mais, ma bien gentille chatte chérie, sans aller bien loin, ce matin même, quand tu me soutenais que l’artiste Paulin Ménier est blond.

Madame. — Oui, il est blond.

Monsieur. — Non, je te jure que tu te trompes, il est brun.