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rent d’en face, on y a trouvé un jour un dictionnaire de Bescherelle, — à coup sûr il n’y était pas venu naturellement, — et il n’en faut pas plus pour perdre une maison ! Aussi, aujourd’hui, est-il en faillite ; l’huissier est venu pour saisir.

Le monsieur. — … !!

La marchande. — Oui, c’est malheureux, mais, au fond, ce n’est que justice. Ces gens-là voulaient trop gagner — et cependant, ce n’est pas pour nous vanter, mais, dans notre commerce, nous recevons à la fois l’argent et la marchandise. Ils avaient des lésineries ruineuses ; c’est ainsi qu’ils se fournissaient dans la plus mauvaise papeterie d’Angoulême. — Une vraie toile d’araignée qui trahissait la confiance !!! Nous, au contraire — et Gaétan y tient la main — nous donnons ce qui se fait de mieux à Angoulême ! (nous en avons même au chiffre et aux armes de ceux qui le désirent). Comme cela notre conscience est tranquille, et s’il arrive un malheur, c’est à des maladroits ou à des gens qui s’exercent. — Bonne marchandise et à discrétion ! telle est la devise de Gaétan.

Le monsieur. — … !!

La marchande. — Oui, à discrétion ! Au premier abord nous paraissons faire une folie, mais, à la fin de l’année, quand nous faisons notre inventaire, tout se compense et ne revient pas à plus de trois cure-dents par tête. — Il y a les Français qui, peut-être, abusent un peu ; mais nous nous rattrapons complètement sur les Espagnols ! — Gaétan dit toujours que, dans le commerce, qui ne