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que la transition fût moins brusque. — Là, j’aurais au moins le temps de lire mon journal…

Le monsieur. — …?

La marchande. — Quel est mon journal de prédilection ? — Si c’est comme lectrice, j’aime le Voleur et le Petit Journal. — Si c’est comme commerçante, je préfère le Journal des Débats, parce qu’il donne ses 38 carrés à la feuille. La Nation fournit également ses 38 carrés, mais il y en a deux « pour enfants. » — Ah ! c’est un beau rêve impossible que cette vie à la campagne ! M. de Mouchtoit espère en vain me voir vendre mon fonds ; j’y trouverai ma fosse et, après moi, Gaétan continuera la vieille réputation de la maison !

Le monsieur. — …?

La marchande. — Non, je n’ai pas de préférence pour mon second gendre, mais je trouve juste d’être reconnaissante envers Gaétan pour son dévouement. Tenez, je crois vous avoir dit qu’il est inspecteur à la halle au beurre depuis vingt ans ? Eh bien, jamais, aussitôt son ouvrage fini là-bas, il n’a manqué d’accourir ici pour faire un peu de toilette et se laver les mains, afin d’être prêt à m’aider à l’heure de la sortie de la Bourse, qui est le moment de notre coup de feu. — Oh ! nous n’avons pas besoin de lire le bulletin pour connaître les fluctuations de la Bourse ! Nous jugeons tout de suite d’après la catégorie de nos abonnés. Depuis six semaines, nous avons les haussiers ; demain, peut-être, viendront les baissiers ; — à