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heures… car je veux bien vous accorder ces cinq heures auxquelles vous paraissez tant tenir, — et alors vous vous transformez en machine à égorger.

Le mari. — Vous savez qu’on n’est pas toujours maître de son premier mouvement de colère.

L’ami. — Oui, mais c’est ainsi qu’on met malheureusement tous les torts de son côté… et qu’on se fait des ennemis.

Le mari. — Comment ? Là, vrai ! c’est moi qui ai eu tous les torts ?

L’ami. — Non seulement vous avez suspecté votre vertueuse Pauline, mais vous avez dû insulter ce pauvre jeune homme.

Le mari. — Je l’avoue. L’ami. — Que lui avez-vous dit ?

Le mari. — Je l’ai appelé : « Propre à rien. »

L’ami. — Et qu’a-t-il répondu ?

Le mari. — Il a souri ironiquement.

L’ami. — Il avait pitié de votre folie. Votre femme vous pardonnera si vous savez vous y prendre par quelque cadeau ; mais voilà un jeune homme qui conservera toujours une bien médiocre idée de votre reconnaissance et de votre urbanité.

Le mari. — J’en suis honteux, car, c’est comme un fait exprès, nous demeurons porte à porte, et je suis exposé cent fois par jour à le croiser dans la rue.

L’ami. — Faites-lui vos excuses à la première rencontre.

Le mari. — Je n’oserai jamais.