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ciel, pour obtenir des travaux du gouvernement ; alors, dans ce cas-là, il a les nouvelles de première main, et, à un moment donné, il peut dire à l’oreille du mari : « Si vous avez des fonds, achetez bien vite tels terrains. » Puis, un beau matin, un jury d’expropriation vient offrir dix fois le prix d’acquisition.

Le mari. — C’est pourtant vrai, ce que vous dites là. Tenez, M. de Machelard, un parent éloigné que ma femme avait retrouvé, m’a dit un jour : « Si vous avez de l’argent, achetez donc le rond-point de Courbevoie ; il est question d’y placer une statue de Napoléon Ier, on vous payera le terrain ce que voudrez. » Je n’ai pas cru à la nouvelle et j’ai raté ma fortune.

L’ami. — Vous voyez comme on manque quelquefois l’occasion de laisser une belle fortune à ses enfants.

Le mari. — Mais vous savez bien que je n’ai pas d’enfants.

L’ami. — On ne doit jamais désespérer de rien. Quand la tranquillité rentre dans un ménage elle opère quelquefois des miracles. Il ne faut pas, par exemple, qu’un mari se mette tout à coup à brailler et gesticuler en menaçant de tuer tout le monde parce qu’on est deux à l’aimer.

Le mari. — Tiens ! vous êtes bon ! Mettez-vous à ma place.

L’ami. — Quoi ? parce que votre femme est restée une petite demi-heure dans une grotte !

Le mari. — Oh ! une demi-heure !