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verait à s’occuper autrement qu’à perdre son temps dans des grottes.

L’ami, rêveur. — Un architecte… vous avez de la chance !

Le mari — Comment, de la chance ?

L’ami. — Oui, oui, je me comprends. Je m’expliquerais avec un autre ; mais vous, votre rage de tout tuer, tout massacrer, me fait peur. Oh ! je vous vois d’ici ; vous pensez à tendre le traquenard ordinaire : « Ma bonne amie, prépare-moi une malle, je suis obligé d’aller passer trois jours à Gonesse. » Puis vous reviendrez le soir avec un énorme couteau de cuisine. Entre nous, je ne vous conseille pas le couteau, parce que vous pouvez avoir affaire à un gars bien décidé qui vous désarme et vous fiche une danse ; — tandis qu’avec un bon pistolet… pif ! paf !… Le plus malin y est pris à distance. Seulement, l’arme peut éclater et vous emporter quatre ou cinq doigts. De plus, l’explosion fait scandale, la maisons est affichée et le propriétaire, furieux, vous flanque congé… ce qui est gênant quand on tient à son logement.

Le mari. — Comme moi au mien ; mon père y a habité pendant vingt-huit ans et j’y reste depuis douze années ; — c’est une patrie pour moi… Je crois que je mourrais de chagrin dans un autre local.

L’ami. — Sans compter que, quand on est installé depuis si longtemps, on a fait faire des meubles spéciaux pour telle place ou telle encoignure, qui ne peuvent plus aller nulle part ailleurs ; alors il