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car on ne joue pas légèrement avec la vie d’une tante.

Le mari. — Ah ! ouiche ! celle-là a mis tout son bien en viager ; c’est une tante sans importance dont on peut disposer. (Avec fureur.) Oh ! je tuerai ma femme, voyez-vous ! Si au moins elle avouait… Mais non, elle me soutient en face qu’elle n’a pensé qu’à moi dans la grotte… Prétendre me faire croire qu’en cinq heures ! dans une grotte !! avec un jeune homme du Midi !!! ce garçon-là n’est pas devenu pour elle plus qu’un frère !

L’ami. — Vous voyez tout en noir.

Le mari. — Mais cinq heures ! songez-y donc, cinq heures dans une grotte avec un méridional ! Et elle m’affirme que le sacripant n’en est pas sorti son meilleur ami.

L’ami. — Elle a raison ; on peut être resté cinq heures avec une femme dans une grotte et en sortir sans être son meilleur ami ; car, en cinq heures, on a aussi le temps de s’étudier et… de rompre.

Le mari, froissé dans son amour-propre. — Pourquoi romprait-il, le misérable ? Pauline est charmante, bien élevée, de bonne famille… Mais je le tuerai aussi, le gredin qui fait le dédaigneux… Pauline vaut cent fois mieux que ce mauvais architecte sans talent, qui devrait s’estimer trop heureux…

L’ami. — Ah ! c’est un architecte !

Le mari. — Oui, un architecte… sans talent, je le répète ; car s’il avait le moindre mérite il trou-