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pluie, crut deviner une intention railleuse contre sa situation. De mot en mot, l’affaire, qui s’envenima, fut close par une provocation. Entre deux pareils fanatiques de l’honneur, un duel ne pouvait se terminer par une piqûre, c’était un combat sans merci, c’était la mort !

Ils se rendirent au pôle Nord, au milieu des glaces, pour être plus à l’aise et loin des gendarmes. À cinq pas, chacun devait essuyer quatre fois le feu d’un revolver à six coups ; total : vingt-quatre balles !

Au premier coup, l’arme de Carubic éclata.

Le major logea ses six jolies balles dans le ventre de son adversaire, pour premier plat ; mais, comme il allait charger le second service, Carubic empoigna par les cuisses le gros-major, qui pesait cinq cents livres, le souleva de terre et — hein ! — le déchira en deux jusqu’au cou !

Puis il le laissa sur un glaçon et revint en France, où ce terrible duel, sans témoins, serait resté inconnu si Carubic n’avait bavardé, N’oublions pas d’ajouter qu’il était né en Gascogne.

Quand on lui disait :

— X… t’a giflé, et tu n’as rien dit.

— Z… t’a donné son pied au… et tu t’es simplement écrié : « Ô ma mère ! »

Il vous répondait gravement avec un sourire de douloureux regret :

— Depuis l’affaire du gros-major, j’ai fait serment de ne plus me battre en duel.

Il allait êtres le second témoin de Très-Cuit.