Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tement revenir à son désistement, quand il fut brutalement interrompu par le célèbre défenseur de l’accusé.

À l’entrée de Cécile, le grand orateur avait eu sa crise de rage jalouse.

— Ah ! ma belle ! s’était-il dit, tu comptes assister à la victoire du beau vainqueur pour lequel tu m’as refusé ! Attends un peu. Je vais te prouver que tu as préféré le son à la farine !

Il guettait dans les phrases de son adversaire un petit jour pour s’y fourrer brutalement, à la façon d’un coin en fer.

Au moment attendu, il rentra en lice par une virulente apostrophe.

Le public, qui n’avait pas vu changer le décor, pensa que le premier acte continuait toujours et applaudit à outrance.

M. Dutilbag, dans cette ovation populaire, crut reconnaître un parti pris contre son futur gendre et tança sévèrement la foule.

Puis il rappela l’avocat à l’ordre.

La corde ainsi tendue, le ton changea.

On entrave la défense après avoir surpris sa bonne foi ! s’écria le Démosthène.

À tout propos, il se précipitait dans le réquisitoire comme un sanglier à travers les halliers.

Il eut même quelques mouvements oratoires qui attirèrent l’attention de Cécile.

Un instant, elle parut réfléchir et se consulter.