Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Les formalités avant tout, disait-il. Jacques vous sera rendu, mais, pour Dieu ! observons les formalités !

L’innocence du prévenu était si évidente qu’on avait négligé le choix d’un avocat. — Dans la foule, le président aperçut Me  van der Linden, l’aigle du barreau ; d’un coup d’œil il lui désigna la place vide du défenseur.

Le grand orateur répondit par un mouvement d’épaules qui signifiait :

— À quoi bon ? La vérité parlera seule.

M. Dutilbag eut un second coup d’œil suppliant qui voulait dire :

— Les formalités ! mon cher, les formalités !

Me  van der Linden, qui étouffait dans la foule, pensa qu’il serait plus à l’aise au banc de la défense et vint prendre place.

L’auditoire battit des mains à ce foudre d’éloquence qui allait protéger l’innocence de sa puissante parole.

Enfin, on commença.

À peine les témoins avaient-ils ouvert la bouche, que le président les interrompait par un :

— C’est bien, allez vous asseoir.

Les jurés se trémoussaient sur leurs sièges ; ils voulaient immédiatement passer au verdict.

— Les formalités ! les formalités ! leur soufflait le président.

Me  van der Linden se leva enfin.