Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je vois d’ici la figure du monsieur !

— Eh bien, pas du tout. Il s’est mis à rire, et après avoir tapoté la joue de l’enfant, il lui a donné une pastille de sa bonbonnière. Aussi, le lendemain, Dodore, qui le guettait au passage, s’est élancé bien vite pour lui soutirer encore un bonbon, qui lui a été donné avec un gros baiser. Enfin, que vous dirai-je ? De bonbons en baisers, le monsieur a fini par entrer dans la boutique, et, tous les jours, pendant un gros quart d’heure,… tenez, voici encore sa chaise, au pauvre cher homme… il avait pris l’habitude de venir s’asseoir pour faire la causette en regardant travailler Colimard et en caressant le petit, qu’il aimait beaucoup… Nous aussi, il nous aimait, car, à tout propos, c’étaient des questions à n’en plus finir : « Eh bien, comment va le commerce ? Où en sont les affaires ? Êtes-vous contents ? Et il nous engageait à ne pas perdre courage, à ne point désespérer de l’avenir.

— Vous ne le connaissiez pas ?

— Vous comprenez bien que nous n’avions pas été sans prendre nos informations, et nous avions appris que c’était le riche M. de Bambriquet, le propriétaire du pâté de maisons de la Cité… dix-sept maisons à lui tout seul, monsieur ! Aussi, quand il nous conseillait d’espérer en l’avenir : « Ah ! l’avenir, lui disions-nous, c’est bien facile d’en parler quand, comme vous, on a des maisons sur la planche ! — Eh ! mes enfants, répétait-il, qui sait ? un beau matin, il vous tombera peut-être une maison sur la tête au moment où vous vous y attendrez le moins.

— Le sage doit s’attendre à tout.