Madame Cambournac. — C’est comme la régénération de l’Espagne, cette mariée-là : elle se fait bien attendre.
M. Dutoc. — On dirait que c’est la lenteur qui épouse le retard !
La veuve Colombin. — Ah ! c’est vous, monsieur Dutoc. Vous voici de retour de Belgique… Quel temps avez-vous eu à Bruxelles ?
M. Dutoc. — Une pluie continuelle ; et vous, à Paris ?
La veuve Colombin. — Un vrai déluge : mon chien buvait tout debout.
Madame Cambournac. — C’est singulier, ce même temps dans deux villes si éloignées.
M. Dutoc. — Oh ! la vapeur supprime les distances.
La veuve Colombin. — C’est bien vrai ça, car, moi, j’ai mon neveu qui habite Bizol, ce n’est qu’à quinze lieues, — mais on y va par la diligence. — Eh bien ! ils m’écrit qu’ils n’ont pas vu une seule goutte d’eau.
M. Dutoc. — C’est bien mademoiselle Ducerceau qui se marie, n’est-ce pas ?
Madame Cambournac. — Oui, oui, c’est du chenu comme mariage : il y a gras !
La veuve Colombin s’emportant. — Il y a gras ! Il y a gras ! Vous v’là bien comme les autres, vous, à flatter l’opulence !!! Je l’ai connu votre Ducerceau quand il était mon locataire, et, dans ce temps-là, il n’était pas fier ; il fouillait toujours dans mon pot-au-feu avec une croûte de pain, en disant qu’il y avait laissé tomber sa clef. Aujourd’hui il est riche ; mais si le gouvernement était curieux, le Ducerceau