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Beaudard (effrayé). — C’est vrai !

Dutoc. — … Et rien ne justifiant plus nos groupes dans la rue, on lira demain dans tous les journaux, qui ne demandent qu’à remplir leurs colonnes : « La police a dissipé hier, dans la rue de la Lune, des attroupements qui s’étaient formés dès le matin. On a fait main basse sur les principaux factieux, qui ont donné à leur réunion un motif dont une sévère enquête a démontré toute la fausseté ». — Et la province effrayée s’écriera : « Ah ! grands dieux ! des émeutes à Paris ! » Il n’en faut pas plus pour arrêter le commerce.

Beaudard. — Allons ! calmez-vous, bannissez vos craintes, car voici les trois voitures qui reviennent, et nous allons enfin savoir à quoi nous en tenir. Venez-vous aux nouvelles ?

Dutoc. — Je ne bouge pas ; ils vont nous conter encore quelque mensonge pour nous faire prendre patience.

Beaudard (qui a été aux renseignements). — Un fourgon va nous apporter le défunt. Voilà ce que c’est : des hommes d’équipe avaient débarrassé la voie du wagon sans le visiter, et on a fini par le retrouver en gare aux Batignolles. (Historique.)

Dutoc. — Quel est ce grand qui vous a dit cela ?

Beaudard. — C’est le caissier du magasin de nouveautés dont le mort était le patron.

Dutoc (surpris). — Un magasin de nouveautés ! Le défunt n’était donc pas dans les huiles ?

Beaudard. — Pas le moins du monde.

Dutoc. — Mais alors, ce n’est pas mon mort !

Beaudard. — Vous ne connaissiez donc pas du tout Pointol ?