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Beaudard. — Lui, non, mais son associé avait une jolie femme.

Dutoc. — Alors, je comprends pourquoi le défunt est resté quarante années dans le commerce. — Était-ce en honnête homme ?

Beaudard. — Il n’y a qu’une voix sur son compte ! Pas une tache sur sa mémoire !

Dutoc. — Sauf le Flaccus !

Beaudard. — Après tout, votre Flaccus… il l’a joué à l’Odéon où il n’y avait jamais un chat.

Dutoc. — Dans l’ombre alors… il n’en est que plus coupable !

Beaudard. — Ah ! vous êtes sévère !

Dutoc. — J’ai beaucoup souffert, je vous l’ai dit. — Il paraît que maintenant que l’héritier a son pain assuré, peu lui importe que les autres déjeunent, car voici midi et je suis encore à jeun.

Beaudard. — Un peu de patience. Tenez, je vois encore des personnes qui montent dans la seconde voiture pour aller aussi aux informations à l’embarcadère.

Dutoc. — Ils se font plutôt conduire chez quelque restaurateur. J’ai cru reconnaître l’associé du défunt qui montait dans la voiture avec les deux autres… Quand on a vécu quarante ans avec un homme, je ne comprends pas qu’on aille godailler le jour de son enterrement.

Beaudard. — Mais non, mais non, ils vont simplement aux nouvelles.

Dutoc. — Les premiers qui sont partis ne suffisaient donc pas ?

Beaudard. — Mais puisqu’ils ne reparaissent point.