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Dutoc (toujours sceptique) — Je le souhaite sans l’espérer…

Beaudard. — Vous êtes décourageant ; vous ne croyez à rien.

Dutoc. — J’ai beaucoup souffert, voilà tout. — Enfin, j’achève ma phrase : « Si ces messieurs du chemin de fer veulent bien rendre gorge, irez-vous jusqu’à la fosse ? »

Beaudard. — Avec plaisir ; car je viens de reconnaître dans la foule le baron Taylor, président du Comité des artistes, et je pense que nous aurons de lui quelques mots bien sentis sur la tombe.

Dutoc. — Le défunt avait donc été acteur ?

Beaudard. — Oui, tout jeune, il a joué un Valerius Flaccus…

Dutoc (sévèrement). — Bien jeune alors, j’aime à le penser pour sa mémoire ! Un Flaccus remplit mal une vie !

(À ce moment, trois personnes se détachent d’un groupe et montent dans une voiture de deuil qui part aussitôt.)

Beaudard. — Ah ! voici des gens qui vont chercher des nouvelles.

Dutoc. — Vont-ils bien aux nouvelles ?

Beaudard. — Où iraient-ils ?

Dutoc. — Rien ne dit que, se faisant promener gratis par la voiture des pompes funèbres, ils ne vont pas faire un tour au Bois pour prendre patience.

Beaudard. — Ah ! comme vous interprétez toujours mal les choses !

Dutoc. — J’ai beaucoup souffert, je vous le réitère. — Le défunt avait-il été marié ?