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tant à l’autre… et j’aurais manqué ma position… J’aurais refusé un homme dont la générosité, en assurant mon avenir, lui aurait donné des droits de compter sur mon affection, ma fidélité, ma reconnaissance.

Loulou, rageur. — Sacrebleu ! je n’en aurai pas le démenti ! Je veux savoir si on peut s’en remettre à la reconnaissance des femmes.

Niniche. — Que veux-tu dire ?

Loulou. — Nous allons entrer chez mon bijoutier, et tu choisiras à ton goût.

Niniche, transportée. — Ah ! que tu es mignon ! C’est moi qui ne m’attendais guère à une pareille surprise. Comme le Tosté va être stupéfait en voyant ma rivière… lui qui ne m’offrait que des boucles d’oreilles.

Loulou, nerveux. — Tu auras les boucles et la rivière, mais, pour Dieu ! tais-toi avec ton éternel Tosté.

Quand le bijoutier étala les parures devant Niniche, elle les saisit d’abord avec une joie fiévreuse, mais tout à coup elle se calma et devint pensive :

— Eh bien ! Niniche, qu’as-tu donc ? Cela ne paraît plus te faire plaisir.

— C’est vrai.

— Aurais-tu maintenant un autre désir ?

— Oui.

— Lequel ?

— J’aime mieux que tu m’épouses.

Ne riez pas, lecteurs. Il l’épousait hier à l’église Bonne-Nouvelle et, au sortir de l’église, la mariée, en se voyant dans la rue de la Lune, s’écriait :