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nais une boutique encore mieux montée. (Avec joie.) Ah ! le bon bonheur !… Quel est le Loulou qui peut se vanter d’avoir rendu sa Niniche bien heureuse ? C’est mon chien-chien. (Réfléchissant.) Dis donc, chéri, est-ce que ma parure en jais fera bien sur le velours ?

Loulou. — Oh ! non ; le velours donne surtout de l’éclat à la peau…

Niniche. — … Et aux diamants. (Rêveuse.) Ah ! voilà ce que je n’aurai jamais, moi !… des diamants !

Loulou. — On ne sait pas.

Niniche. — C’est tout su ! Car il n’y a pas huit jours, j’en ai eu pour cinq mille francs dans le creux de la main… je n’avais qu’à dire un oui… et c’était à moi.

Loulou. — Encore ce Tosté, n’est-ce pas ? Et tu as refusé ?

Niniche. — Oui, mais c’était bien tentant ; car enfin, pour une femme, les diamants, c’est du solide… c’est bien joli, une robe en velours, mais ça s’use… tandis que les diamants mettent du pain sur la planche… Ah ! c’est moi qui me ficherais d’avoir une robe en toile sur le dos si je possédais des diamants.

Loulou, inquiet. — Ainsi, tu me quitterais pour des diamants ?

Niniche. — Dame ! Une question d’avenir ! Tu serais le premier à me le conseiller, si tu m’aimais sérieusement.

Loulou. — Alors, tu ne tiens pas à moi ?

Niniche. — Que tu es drôle avec tes questions ! Voyons, sois juste : tu peux me quitter d’un ins-