Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Arrivés devant la boutique, les deux amants examinent les robes étalées en montre. Tout à coup Niniche s’arrache brusquement à ce spectacle et, entraînant son Loulou, elle continue son chemin sans mot dire.

Loulou. — Ah ! çà, qu’as-tu donc ?

Niniche, avec un grand soupir. — Moi, rien.

LOULOU. — Mais si. Tu voulais une robe, puis en faisant ton choix, crac ! tu t’enfuis.

Niniche, bien triste. — C’est que… près de celle qui me plaisait… à gauche… j’ai vu le rêve de toute ma vie… qui me rendrait si heureuse.

Loulou. — Quoi donc ?

Niniche. — Rien, rien, te dis-je, je ne veux pas te faire faire une folie (Avec un soupir) : Ah ! les femmes un peu coquettes devraient bien naître aveugles… à moins d’avoir l’immense fortune du baron Tosté.

Loulou. — Ah ! ça, tu m’ennuies avec ton Tosté ! Tu ferais mieux de me dire ce qui te chagrinait dans cette vitrine.

Niniche. — Eh bien, puisque tu l’exiges, c’est une robe en velours.

Loulou. — Comment ! C’est pour une robe en velours que tu es là, toute triste, à encenser ton Tosté !!! Ne dirait-on pas qu’il est le Pérou, et que moi, avec mes trente mille francs de rentes, je ne suis qu’un mendiant !!! Puisque cette robe en velours te plaît…

Niniche. — Vrai ? Tu me la paies ? vrai de vrai ?

Loulou. — Retournons au magasin.

Niniche. — Non, sur l’autre boulevard, je con-