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de Dulac… (Appelant.) Toinette ! Toinette ! (La cuisinière arrive.) Rembrochez le carré de veau.

(Toinette se retire.)

Madame. — Pourquoi donnes-tu donc cet ordre ?

Monsieur. — C’est que je me souviens que Dulac abhorre le lapin aux confitures, et il ferait ainsi un si triste dîner, que…

Madame, sèchement. — Alors, c’est Dulac qui fait autorité ici ! Pour que votre ami puisse se gaver à gogo, la maison doit être mise au pillage. (Avec rage.) Il n’en sera pas ainsi. (Appelant.) Toinette ! (Elle arrive.) Débrochez le veau. (Elle sort.)

Monsieur, se contenant. — Écoute, Sylvie, je n’ai pas voulu te contredire devant cette domestique ; seulement, je te le répète, du moment que nous avons pris la corvée de donner à dîner, autant nous en tirer à notre honneur. Nous en serons quittes pour ne plus inviter Dulac, puisque son appétit t’effraye, mais pour cette fois…

Madame. — Jamais votre Dulac ne fera la loi dans notre maison. Il dévorerait l’escalier si on le laissait faire. — J’ai entendu dire qu’il avait déjà mangé deux oncles et une forêt.

Monsieur, d’un ton calme. — Voyons, mon amie, fais cela pour moi ; je te demande que ce carré de veau paraisse sur la table… Tu t’exagères si bien l’appétit de Dulac, que je te parierais cent sous qu’il n’y touchera pas. (D’un ton câlin.) Et puis le veau, c’est bien meilleur… froid… le lendemain.

Madame, nerveuse. — Oh ! votre Dulac, il y a longtemps que je le guette pour lui faire affront ; aussi,