Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demande un peu pourquoi cette longue perche a toujours l’idée de se pavoiser sans cesse de rubans de toutes couleurs. Son mari a l’air d’avoir épousé un mirliton à la foire de Saint-Cloud.

Monsieur, d’un ton doux. — Allons, sois un peu indulgente. — Madame Dulac peut avoir des ridicules, mais c’est une honnête femme et une bonne mère de famille… (D’un ton de doux reproche.) Car elle a donné des enfants à son mari, celle-là.

Madame, vexée. — Parbleu ! elle demeure à trois pas d’une caserne !

Monsieur, qui a fait la sourde oreille. — Voyons, ma chère amie, il faudrait cependant nous entendre. Nous n’avons que quatre convives, et tu ne les veux pas devant toi, ni à tes côtés… Ce n’est sans doute pas pour les faire dîner à la cuisine que tu les as invités.

Madame. — Moi ! je les ai invités, moi ?

Monsieur. — Toi-même.

Madame. — Jamais !

Monsieur. — Si, rappelle-toi, à l’Exposition ; tu leur as même dit : « Acceptez, et vous rendrez mon mari bien heureux. » Dame ! moi, je ne pouvais pas crier : « Je t’en fiche ! » Alors, j’ai pris mon air bien heureux, et ils ont accepté.

Madame. — C’est possible, mais ils auraient dû refuser. S’ils avaient eu la moindre notion du savoir-vivre, ils auraient vu que j’étais obligée de les inviter, parce que, devant eux, j’avais fait mon invitation à M. de Lèchelard.

Monsieur. — Duclac l’avait ainsi compris, mais tu as tant insisté que… (Poussant un cri.) Ah ! à propos