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les cheveux pour aller faire des visites en ville. Il y a aussi madame Charnu qui fait la fière avec sa salle de bains et qui n’a seulement pas de salon ; je veux qu’elle dessèche de jalousie au milieu du nôtre. J’espère que tu as songé à retirer les housses.

Monsieur. — Oui, mais la pendule est détraquée et ne marche plus.

Madame. — Tu diras que c’est moi qui l’ai arrêtée à l’heure précise de la mort d’une grand-tante que j’adorais. Un pieux souvenir !

Monsieur. — Il faudrait maintenant songer à fixer les places des convives.

Madame. — Comment veux-tu distribuer ces places ?

Monsieur. — À ta droite, je mets M. Charnu.

Madame. — Est-ce que tu crois que je veux de cet homme-là qui fait sans cesse le dégoûté ? Il a toujours l’air d’épiler ce qu’on lui met dans son assiette. Un Saint-Difficile chez les autres qui, chez lui, doit manger des cailloux toute la sainte journée !

Monsieur. — Il a cependant un bel embonpoint.

Madame. — Oh ! une mauvais graisse !… À fondre, cet homme-là ne se vendrait pas cher.

Monsieur. — Préfères-tu avoir Dulac pour voisin ?

Madame. — Ah ! non ! c’est un être qui m’agace ! Il se verse perpétuellement du vin à plein verre, comme s’il avait scié mon bois… Il ne cesse d’avoir la bouteille et le verre en main… Je ne sais comment, ainsi occupé, il fait pour manger… et cependant il en absorbe, celui-là ! Ça disparaît de son plat avec une rapidité à faire croire qu’il apporte avec lui une boîte en fer blanc où il entasse des provisions. —