Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de sa vie à ripailler et à troubler les ménages, sans payer cela tôt ou tard ; — s’il en était autrement, le ciel ne serait pas juste.

Madame. — Il a peut-être troublé des ménages, mais je dois dire qu’il ne m’a jamais adressé un seul mot plus haut que l’autre.

Monsieur. — Parce qu’il savait que j’avais l’œil sur lui ! Et madame Rocamire, lui a-t-il adressé un mot plus haut que l’autre, à celle-là ?

Madame. — Oui, mais elle était veuve.

Monsieur. — Aussi, bien sûr de l’impunité, l’a-t-il assez affichée par son cadeau d’une broche de cinq mille francs.

Madame. — Cinq mille francs à cette poupée à Jeanneton !!! Et le jour de ma fête ! à moi ! la femme d’un ami…

Monsieur. — D’un ami de trente ans !

Madame. — Il ne m’a donné qu’une bague de vingt louis !!!

Monsieur. — Oui, mais nous sommes simplement ses amis, nous ! On trouve bon de nous préférer des étrangers. — Il peut avec ta Rocamire…

Madame, avec fierté. — Je te défends de dire ma Rocamire !

Monsieur. — Alors, avec sa Rocamire !

Madame, avec mépris. — Oh ! la sienne… et à beaucoup d’autres.

Monsieur. — Bref, il peut, avec la Rocamire, aller crier sur les toits : « Je donne cinq mille francs à ma maîtresse, moi ! » Cela vous pose un homme sur le marché.

Madame. — Tandis que l’honnête femme dit simplement : « Merci, » et ça ne va pas plus loin.