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trons en mai, le mois de Marie ; fleurs et encens à profusion. Que vais-je devenir ?

Il eut froid à la pensée des horribles souffrances d’une future migraine de six semaines de durée, et murmura :

— On dit que la pendaison est un plaisir !

Ses réflexions furent interrompues par un bruit étrange :

— Pschit ! pschit ! pschit ! pschit !…

Il reconnut un mélange de chuchotements.

C’étaient les vœux des fidèles qui, portés par les nuages d’encens, traversaient la voûte en montant au ciel.

Alors, il écouta ces prières au passage.

Ce qu’il entendit était si ignoble, si infâme, — tant de mauvaises pensées se cachaient sous d’hypocrites paroles qu’il s’écria :

— Voilà donc ces gens qui veulent me pendre.

Il eut horreur de ces justes.

En ce moment, sa fiancée entrait.

— Celle-là est bonne ! se dit-il.

Il écouta au passage la prière de sa bien-aimée :

— Seigneur ! si on retrouve mon Alfred, faites que j’assiste à ses derniers instants !…

— Elle t’aime ! lui souffla son cœur.