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m’empoisonner par le patchouli et de me pervertir le moral.

Monsieur, bas. - Je t’en supplie, tais-toi.

Madame. — Vous vous disiez : « Maintenant qu’ils ont la liberté des théâtres, ils peuvent jouer ce qu’ils veulent et ils gangrèneront l’esprit de ma femme dont ils feront une gourgandine comme cette comtesse qui reçoit des populations entières. »

Monsieur. — Je t’en conjure, tais-toi ; on rit de nous.

Madame. — Je ne resterai pas un instant de plus. Je veux aller immédiatement réclamer nos seize francs. — Ils déduiront un acte, s’ils en ont l’audace. Les théâtres devraient être payés comme les fiacres… à l’heure… On solderait en sortant ce qu’on aurait consommé… on ne serait pas ainsi obligé d’avaler toute la dose pour rentrer dans son argent. (Regardant une dernière fois la scène.) Tiens, ils embrassent tous la comtesse, quelle horreur !

Monsieur. — Mais puisqu’elle retrouve ses cinq frères perdus !

Madame. — Jamais on ne perd cinq frères d’un seul coup… Elle les appelle ses frères par un reste de pudeur…

Monsieur. — Si tu avais bien saisi l’intrigue, tu aurais compris que…

Madame. — Alors, je ne suis donc qu’une buse ?

Monsieur. — Je ne dis pas cela, mais…

Madame. — Je n’entendrai pas plus longtemps cette pièce… Je veux sortir.

Monsieur. — Attends le baisser du rideau.

Madame. — Jamais !