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qu’il avait aussi ouverte à deux battants, puisque le fameux laquais n’y était pas ?… Ah ! voilà une comtesse qui est bien à huit clos quand elle s’habille… Elle aurait tout aussi court d’aller s’habiller dans le passage de l’Opéra… Je me demande pourquoi il ne prend pas au nouveau venu l’idée d’entrer dans la chambre à coucher de la comtesse pendant qu’il est en train de se promener chez elle… il faut espérer qu’elle aura au moins eu la précaution de tirer le verrou… Ah ! la maison est bien gardée… Pas même un portier… J’aime à croire que le notaire ne conserve pas de fonds chez lui.

Monsieur. — Si tu t’arrêtes à des minuties, le théâtre n’est plus possible.

Madame. — Ah ! vous appelez des minuties de pouvoir entrer chez une dame qui s’habille… Du reste, je n’en suis pas étonnée. Pour vous, la décence est chose inconnue… Je suis même surprise que vous n’ayez pas encore quitté votre place pour aller aussi rôdailler chez la comtesse… Vous cherchez, sans doute, un prétexte en ce moment même ?

Monsieur. — Tu es folle.

Madame. — Voilà plus de dix minutes que je m’attends à vous entendre me dire que vous avez un rendez-vous chez le notaire d’en dessous.

Monsieur. — Voyons, observe-toi, on nous regarde ; tu oublies que nous sommes au théâtre.

Madame. Ah ! je m’étonnais ce matin de votre incroyable prodigalité d’aller dépenser seize francs pour me procurer un plaisir ; je comprends maintenant votre triple but de me briser le corps, de