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tesse, merci ! Si c’est ça qu’on appelle les grandes manières du siècle de Louis XIV, je suis fière de n’être qu’une simple bourgeoise. Et ils vous demandent seize francs pour vous montrer cela !

Monsieur. — Tu es sévère.

Madame. — Pas le moins du monde ; mais, puisque le théâtre est une école de mœurs, je ne veux pas qu’on crie dans la maison d’un notaire, ni qu’une comtesse s’enferme dans sa chambre à coucher avec un laquais. — Allons ! bien, en voilà un qui se met à danser à présent !!!

Monsieur. — Tu n’as pas entendu qu’il a dit : « Profitons de l’absence de la comtesse pour répéter le pas que je dois danser ce soir avec elle ». C’est pourquoi il danse.

Madame. — Et le notaire en dessous ? on n’y pense plus, alors. — Il faut qu’il ait bien peu cher de loyer pour rester dans une maison pareille ! Est-ce qu’il ne va pas monter ?

Monsieur. — Tu m’en demandes trop.

Madame. — Ah ! Dieu ! qu’on est mal assise… je suis sûre qu’on était mieux jadis pour aller à l’échafaud. Je ne comprends pas la police, qui a tant témoigné d’intérêt pour les veaux qu’on mène à l’abattoir, et qui ne se préoccupe pas le moins du monde des spectateurs de théâtre. Si jamais on voulait faire passer cette banquette à la barrière, un douanier y casserait sa sonde… Tiens, qu’est-ce que c’est que celui-là qui entre chez la comtesse comme dans du beurre ???

Monsieur. — Il vient de dire qu’il n’a trouvé personne dans l’antichambre pour l’annoncer.

Madame. — Alors, qui a donc refermé sa porte