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Monsieur, étonné. — Mais, ma chère amie, nous sommes aux premières de face ; chaque fauteuil me revient à huit francs, et je cherche vainement où j’aurais pu trouver ces places plus confortables dont tu parles ; car je ne puis croire que tu fasses allusion à la loge de l’empereur.

Madame, froissée. — Comment ! Vous ne pouvez croire que je fasse allusion à la loge de l’empereur ? — À votre avis, j’y ferais donc tache ??? — Ah ! je ne vous remercie pas de m’avoir amenée au théâtre, puisque c’était pour m’y offrir de pareils compliments.

Monsieur. — Mais non, mais non, — seulement je réponds à ton reproche d’avoir négligé ton bien-être. Je me suis présenté à la location et j’ai dit : « Combien vos premières places ? » On m’a répondu seize francs… que j’ai payés avec empressement ; on m’en eût demandé cinquante que le bonheur de te faire plaisir me les eût fait donner avec la même joie.

Madame. — Ainsi vous avez gaspillé seize francs sans même vous être assuré quelles étaient ces places… de sorte que si, à notre arrivée, on nous avait ouvert le fond d’une armoire, en disant : « Tenez, vous êtes placés là, sur la seconde tablette », vous n’auriez eu aucune réclamation à faire.

Monsieur. — Oh ! tu vas trop loin ; il est bien évident qu’une place louée pour voir la scène n’est pas dans une armoire, cela tombe sous le bon sens.

Madame. — Merci pour ce second compliment ! Avec votre : « Cela tombe sous le bon sens », on ne