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Après ce que nous venons de dire des difficultés qui hérissent les abords de la côte, personne ne s’étonnera que les ports qui la couvrent présentent si peu de sécurité et si peu de ressources à la navigation.

À Madras, il n’y a point de port, il n’y a qu’une plage. Ce qu’on désigne sous le nom de rade est situé en dehors de la barre, en pleine mer, où, dans certaines saisons de l’année, les navires ne peuvent tenir sur leurs ancres et sont périodiquement balayés par d’effroyables rafales.

Une fois sur la terre ferme, nous fûmes bien cinq ou six minutes à nous remettre du vertige que procure cette traversée à travers flots. Zara, qui avait poussé des cris de panthère effarée à chaque craquement de la schelingue, était évanouie sur le sol. Le général F… lui prodiguait ses soins. Quant au consul, il se secouait comme un chien trempé, et, pour la première fois de sa vie, il avouait que l’ablution était trop complète.

En véritables gentlemen, l’amiral de Verninac et moi nous répondions aux politesses que nous adressaient l’aide de camp et le secrétaire du gouverneur de Madras, qui s’étaient trouvés là pour nous recevoir, tout ruisselants, au sortir de la vague.

Pour expliquer la présence de ces messieurs sur la plage, il me suffira de dire que le steamer, au moment où notre schelingue quittait ses flancs, avait hissé le pavillon tricolore à son mât d’artimon en l’assurant