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Le général et le consul, qui étaient des touristes curieux, descendirent à terre pour voir la ville, M. G… promettant de revenir pour bientôt faire enlever son bagage, puisque Aden était le lieu où s’embranchait le service de Maurice. L’amiral et moi, sachant que la place n’offre aucun attrait, nous demeurâmes à bord.

Au bout de trois heures, nos compagnons reparurent, et M. G… nous dit que, n’étant pas pressé de rejoindre son poste, il était résolu à pousser sa promenade jusqu’à Pondichéry pour le plaisir de nous accompagner. Ce qui fut dit fut fait, et le même steamer, ayant à son bord toute la colonie française, enfila le détroit de Bab-el-Mandeb avec une vitesse moyenne de 15 à 16 nœuds.

Durant la route qui mène à Ceylan, le consul ne cessa de se livrer à des ablutions réitérées, se repentant sérieusement de n’avoir pas su résister à sa curiosité et d’avoir suivi le général qui, disait-il, l’avait mené dans une fournaise.

— Dans ce maudit pays d’Aden, disait-il en se lamentant, il n’y a que du charbon, rien que du charbon. J’en ai perçu la poussière par tous les pores, et il ne me faudra pas moins d’une quinzaine de jours de lessive pour extraire de mon corps cette poussière noire.

— Bah ! bah ! disait le général, vous exagérez, on ne voyage pas, que diable ! quand on pousse la délicatesse si loin. Voyez-moi, je n’y fais pas tant de façons ; un coup de brosse savonnée et tout est dit.