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Depuis qu’il avait fait choix de l’Inde pour s’y établir, le général F… était d’une gaieté et d’une insouciance complètes.

— J’ai enfin un domicile, disait-il au consul, et un domicile français, car enfin, si peu considérables que soient nos comptoirs de l’Inde, ces bribes de territoire constituent la France, et comme Zara est riche, que j’emporte beaucoup de tomans…

— Vous avez des Ottomans ? interrompait le consul furieux qui croyait voir partout des oppresseurs de la Grèce.

— Je parle de tomans, monnaie persane.

— Je vous présente mes excuses ; j’avais mal entendu. Le nom seul des Turcs me met hors de moi, car je suis Philhellène, comme tout le monde.

— Mais il n’y en a plus du tout de Philhellènes, ils sont passés de mode !

— Est-ce que Canaris et Ipsilanti, ces héros, peuvent passer de mode ? On se borne à les admirer. Si vous les aviez connus, général, au temps de leurs exploits, vous ne parleriez pas d’eux avec tant de légèreté.

— Moi, j’en ai entendu parler vaguement, quand j’étais tout petit ; mais depuis, personne ne s’en occupe. Le peuple grec n’est pas intéressant, du reste.

— Vous blasphémez, monsieur, sans y prendre garde. Les fils de l’Attique sont restés les dignes descendants de leurs ancêtres.