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avait passé sa vie dans les échelles du Levant et en Grèce, où il avait fait son stage d’élève consul. Aussi était-il l’un des membres de cette phalange de fanatiques qui, sous le nom de Philhellènes, ont inventé la Grèce moderne. Canaris, Mavrocordato, Ipsilanti et autres héros à jupons blancs avaient été ses amis.

Il avait connu lord Byron et ne jurait que par le général Fabvier. Seulement, comme depuis une trentaine d’années il n’avait pas quitté l’Orient, il avait l’air d’un revenant dans le monde nouveau et s’étonnait des choses les plus simples.

Il avait appris, d’ailleurs, dans ce pays, à prendre de sa personne un soin extrême. Les ablutions absorbaient la plus grande partie de son temps et il n’hésitait point à laisser là une conversation très-intéressante pour aller se livrer à sa passion favorite.

On voit que M. G… ne le cédait en rien au général pour l’originalité. Mais le consul amphibie joignait à cette exagération de la propreté une exquise bienveillance et une politesse qui deviennent de plus en plus rares de nos jours. Cette politesse retardait sur le temps.

Malgré la chaleur accablante qui signala notre traversée de la mer rouge, le voyage se fit sans trop d’inconvénients. Quelquefois, le steamer s’approchait d’une des deux côtes, et nous voyions, à courte distance, les rives crayeuses de l’Arabie, ou celles de l’Afrique ;