le chemin du désert qu’ils ne cessent de parcourir que le jour où, accablés par les années et par la fatigue, ils tombent pour mourir sur cette route mouvante.
Trois heures avant l’arrivée de la malle, j’allai prendre congé de Soliman-Pacha et de Sadyck. Tous deux me comblèrent d’amitiés et de souhaits ; tous deux me firent promettre de les visiter au retour ; Sadyck insista même pour que je lui consacrasse plusieurs mois.
— Je vous conduirai sur mon bateau, me dit-il, à Thèbes et à Memphis ; je vous mènerai même dans mon palais du désert qui m’a coûté plus de millions qu’il ne vaut, car j’y ai tout fait porter : la terre, l’eau, le bois, le fer et le marbre. C’est original d’avoir une villa au milieu des sables, de n’être jamais sûr en s’éveillant de retrouver à portée du regard le jardin qu’on a planté à grands frais, et qu’un caprice du vent peut avoir emporté pendant la nuit à quelques lieues de vous.
Je promis à Sadyck de l’aviser de mon retour un mois à l’avance, et il me donna sa parole que rien ne l’empêcherait de venir m’attendre à Suez et de me faire faire ma première étape dans sa résidence aussi pittoresque que coûteuse.
Hélas ! je ne devais jamais le revoir, pas plus que le colonel Selves. Tous deux étaient morts quand je traversai pour la seconde fois l’Égypte ; Soliman était du moins parvenu à un âge avancé ; mais lui, Sadyck, il était jeune encore, d’une santé robuste, sage par tem-