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jour par jour, les péripéties de cette longue lutte ; il ressentait un certain orgueil en contemplant ce qu’il avait fait des bandes de soldats mises à sa disposition, et regrettait sincèrement que la Providence n’eût pas permis qu’il tirât tout le parti possible d’une armée que son souffle avait rendue excellente.

Il se trouvait exilé désormais sur cette vieille terre dont il avait complété la grandeur et la régénérescence. Depuis que ses deux amis étaient morts, il vivait retiré dans son palais, évitant de multiplier les relations avec leur successeur et n’ayant, disait-il, plus rien à faire ici-bas.

Après avoir prolongé l’entretien pendant deux heures et répondu à toutes les questions que le major général ne nous épargna point, touchant les faits qui venaient de se passer en France, la politique et les affaires en général, nous nous levâmes afin de prendre congé. Soliman nous dit avec une exquise bonne grâce qu’il ne consentait à nous laisser partir qu’à la condition que nous lui promettions de revenir le voir plusieurs fois pendant notre séjour au Caire, et que nous voudrions bien accepter, pour le jour même, un dîner de garçons dans sa résidence.

Nous quittâmes cet excellent homme après lui avoir serré les mains avec effusion. Pour ma part, j’avais presque les larmes aux yeux.