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à notre grande stupéfaction, nous mettions le pied sur des plaques de glace.

Jamais, de mémoire d’homme, on n’avait vu de glace sur ce point. La population était consternée et abasourdie ; plusieurs fellahs moururent de froid ; un très-grand nombre se trouvèrent fort incommodés de ce renversement des lois atmosphériques, et moi-même je me sentis indisposé.

C’était de ma faute. J’avais quitté l’Inde sans prévoir ce rigoureux hiver ; j’étais surtout loin de me douter qu’il se donnerait la peine de venir à ma rencontre jusqu’à Suez, qui est l’un des endroits du globe où la chaleur est le plus intolérable en toutes saisons.

Dans les colis assez lourds qui m’accompagnaient, je n’avais que des vêtements de toile légère, et il ne m’avait pas été possible de m’en procurer d’autres avant de quitter Pondichéry, où le drap n’est connu que de réputation et ne résiste pas longtemps aux piqûres des insectes.

Pour traverser l’Égypte, transformée en Sibérie, je n’avais donc à ma disposition que des habits et des pantalons blancs peu en harmonie avec la température. Je suppléai à l’insuffisance de l’étoffe en accumulant vêtements sur vêtements, et, malgré cette précaution, le froid me fit cruellement souffrir, surtout dans le désert.

Un incident vint nous distraire un peu lorsque nous