ne s’occupa guère que de ses bêtes pendant toute la traversée.
Ici trouve naturellement sa place une observation que tous les voyageurs ont pu faire, qui doit choquer fortement l’esprit français imbu du sentiment de l’égalité. Les navires de toutes les nations, qui admettent des passagers à leur bord, ont diverses classifications pour ces passagers qui sont répartis selon des tarifs déterminés. Il n’est point humiliant chez nous d’être placé à la troisième ou quatrième classe ; cela prouve seulement qu’on n’a pas assez de fortune pour prendre la première ou la seconde.
Nos voisins ont un autre système qui montre une fois de plus combien ils sont formalistes et aristocratiques. Sur leurs steamers, il n’y a qu’une classe, dont le tarif est très-élevé, la classe des gentlemen et des ladies ; au-dessous, on ne trouve que les cases pour les domestiques, nourris de la desserte de la table, et encore pour être admis dans cette fosse commune est-il nécessaire de justifier qu’on est la chose de quelqu’un.
Il résulte de ce système qu’un fort honnête homme, qui n’aurait pas quatre ou cinq mille francs pour payer son passage normal, serait obligé — c’est le règlement et il est inflexible — de prier un passager ou un officier de le faire inscrire comme son domestique. N’être pas riche, en Angleterre, est un malheur bien plus terrible que chez nous où l’homme bien élevé n’est déplacé