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opérant, en un mot, officiellement sans le contrôle de l’autorité des deux pays.

Les colonies adressent leurs demandes à ces agents pour le nombre de bras dont le concours est nécessaire ; elles traitent avec lui des conditions de l’engagement, de l’expédition, du voyage de retour, du salaire des travailleurs, et les agents expédient les immigrants.

Rien n’est plus moral assurément, n’offre plus de garanties que ce mode de procéder. Ces sortes d’engagements se pratiquent en France et en Angleterre, et personne n’a l’idée de les blâmer. D’où vient donc qu’on persiste à les condamner dans certains cercles politiques ?

L’orateur qui, sous la première révolution, s’écria un jour à la tribune : « Périssent nos colonies plutôt qu’un principe ! » était à coup sûr un républicain convaincu, mais, en même temps, un médiocre homme d’État. On devait croire, en tenant compte de la différence des époques, que cette phrase sonore et creuse n’aurait plus d’écho aujourd’hui. Cependant certaines gens croient bien faire en remettant en lumière les vieilles idées et les mots hors d’usage.

N’en déplaise à ces esprits chagrins et méticuleux jugeant constamment à faux, l’émigration, telle qu’elle se fait de nos jours, ne ressemble en rien à la traite de honteuse mémoire. La surveillance et le contrôle suivent l’opération dans toutes ses phases ; la liberté de