Une fois à bas, le tigre devint le but d’une fusillade générale. Cependant l’honneur de sa défaite revint entièrement aux éléphants, qui s’élancèrent sur lui, le piétinèrent malgré sa résistance désespérée, et finalement l’achevèrent en le perçant de leurs défenses.
On fit alors le relevé de la journée : nous eûmes une mort à regretter, celle du pauvre cavalier abattu par le tigre. Le mestry, ou médecin du rajah, déclara que la blessure du résident était une simple égratignure qui serait guérie le lendemain. Quant au cheval et à l’éléphant blessés ; ils l’étaient légèrement et les soins qu’on prit d’eux ne tardèrent point à les remettre en parfait état de santé.
Nous rentrâmes en ville, harassés par cet exercice violent qui avait duré plusieurs heures ; mais, en dépit de la fatigue, j’éprouvai la plus vive satisfaction d’avoir assisté à cette guerre émouvante et pleine de périls de l’homme contre le plus terrible carnassier de la création.
Au moment où j’allais me mettre au lit, des émissaires du rajah m’apportèrent de la part de leur maître la peau du tigre mis à mort par nos armes. C’était une galanterie royale. La peau, d’un jaune vif éclatant, avec des nuances qu’on aurait dites bronzées, indiquait une bête de la plus grande taille et d’une force considérable. J’ai rapporté en France ce trophée cynégétique.