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Mais la pression rapprocha des flancs de l’animal les éperons démesurés dont le résident avait orné ses bottes ; le fer, pénétrant des deux côtés du ventre avec une grande violence, fit faire au cheval un bond involontaire en avant, si bien que monture et chasseur se trouvèrent à portée du fauve.

L’occasion de mériter son titre de mangeur d’hommes, en dévorant un agent supérieur de la Compagnie, ne se fut pas plutôt offerte au tigre qu’il fit un bond formidable. Heureusement, le rajah raccourcit l’ellipse qu’il prétendait accomplir en lui logeant une balle dans la mâchoire. L’effort du tigre se borna à enlever avec ses griffes une partie de la culotte du résident. Il est vrai qu’il enleva en même temps un peu de la chair, ce qui nous valut un goddam très-énergique.

À peine blessé, le fauve s’élança de nouveau, et un cavalier de l’escorte fut immédiatement couché par terre. Plusieurs coups de feu retentirent en même temps, et le mangeur d’hommes, rendu plus furieux par de nombreuses blessures, abandonna la victime qu’il tenait expirante sous sa griffe pour tenter un suprême effort. Il s’élança sur l’éléphant du rajah. Le mahaotte, voyant le danger que courait son maître, enfonça dans sa gueule la moitié de son sabre, et l’éléphant, atteint aussi par l’embrassement qu’il venait de subir, lança d’un coup de trompe l’agresseur à vingt mètres de là.