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au contraire ; car ils s’élancèrent avec impétuosité vers le bouquet le plus touffu.

En se voyant pour ainsi dire acculé dans le centre du bois, ayant d’un côté le fleuve au large lit, de l’autre des milliers de soldats et de chasseurs, le tigre sentit le péril de sa situation : au froissement des branches, on devina qu’il glissait aussi doucement que possible afin de ne pas manquer son coup et de ne s’élancer que lorsqu’il aurait trouvé une issue facile.

Nos éléphants, avec l’intelligence et l’intrépidité qui distinguent ces animaux, suivirent, sans le voir, les mouvements du fauve ; les rabatteurs en firent autant de leur côté, de sorte que, lorsque le tigre bondit de la jungle, il se trouva en présence d’une multitude de bêtes et de gens prêts à le bien recevoir.

Il battit ses flancs pendant quelques secondes, regardant avec des yeux sanglants la barrière humaine qui lui fermait la retraite vers la plaine, cherchant la victime qu’il comptait immoler la première à sa terrible fureur. Nous ne le perdîmes pas de vue, et peut-être allait-il rentrer dans le fourré ou s’élancer dans le fleuve, lorsque le cheval de M. Fakland, effrayé par la présence du monstre, fit un tel mouvement de recul qu’il faillit jeter bas son cavalier. Celui-ci ne se maintint en selle qu’en le serrant vigoureusement entre ses longues jambes osseuses, et, après une ou deux oscillations, il reprit son équilibre.