Page:Chauvet - L Inde française.djvu/302

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tandis qu’une partie des cavaliers pénétrait dans les jungles, des serviteurs amenèrent des éléphants dressés à la chasse des fauves. M. Fakland fut le seul d’entre nous qui refusa d’abandonner son cheval, parce qu’il avait toujours sur le cœur une chute assez désagréable qu’un pachyderme aussi jeune que folâtre lui avait fait subir l’année précédente.

Un officier de cipayes se détache bientôt des jungles et vint nous prévenir que le mangeur d’hommes était dans son domaine. Alors, sur un signe du rajah, les chasseurs se mirent en route. La plate-forme de chaque éléphant aurait pu rivaliser avec un arsenal pour le nombre et la variété des armes qu’on y avait entassées. Le conducteur de ma colossale monture, le mahaotte, pour le désigner par son nom indien, me fit remarquer jusqu’à quel point la prévoyance de notre hôte s’était distinguée. J’avais à portée de ma main quatre fusils à deux coups, deux revolvers et deux paires de gros pistolets tous chargés à balles, ainsi que deux sabres birmans et une hache.

Nos éléphants se portèrent d’un pas rapide et sonore jusqu’à la limite des jungles ; ils s’arrêtèrent un instant avant d’y pénétrer, dressant la trompe et flairant l’air autour d’eux. Ils sentirent le voisinage du fauve, car ils frappèrent fortement la terre de leurs pieds de devant et poussèrent des cris qui n’accusaient point la crainte,